[Lieu, les toits de Konoha]

Le monde ne tournait pas rond, il y avait un bug quelque part, forcément. Sinon, comment expliquer la présence d'une silhouette qui filait avec discrétion dans les ruelles de Konoha, à une heure aussi déraisonnable ? Quelque chose n'allait pas, du moins c'était innattendu compte tenu du personnage : Setsuko avait quitté le domicile familial pour une escapade dans le Konoha nocturne. Ce n'était pas franchement le comportement qu'on aurait pu attendre d'un Sannin, mais il faut bien que jeunesse se fasse. La Hyûga s'arrêta au sommet d'un toît, où quelqu'un l'attendait déjà.

"Setsuko-San. Merci d'être venue."

La jeune femme sourit, mais l'expression de son visage demeurait cachée à Ryuhei, d'abord à cause du manque de lumière, et ensuite, alors qu'elle s'asseyait à côté de lui, était dissimulé par un rideau de cheveux noirs. Lorsqu'elle retourna la tête vers son élève, toute trace de cet étrange sourire avait disparu. Elle ne faisait pas la tronche, non, mais adoptait un air plus... raisonnable. Cependant, le petit cinéma du jeune homme provoqua eut l'effet immédiat de la faire rire. Rire... ça faisait un moment que ça ne lui était pas arrivé. Il fallait aussi reconnaître que les têtes d'endive des grands sages de la Sôke, gardiens des traditions ne donnaient pas particulièrement envie de rire.

Setsuko prit le verre de jus d'orange-grenadine que lui tendait Ryuhei, et non, elle ne buvait pas d'alcool, brave petite... Elle but un gorgée, calmant par la même occasion ce qui aurait pu tourner en crise de fou rire, tandis que le genin se servait du sake -il y en a qui ne s'embêtent pas-.

"Comment ça va en ce moment ?"

Et bien.... La question la plus banale du monde faisait un effet étrange, compte tenu de la situation. Setsuko posa son verre à côté d'elle, et mit un peu de temps avant d'arriver à répondre d'un air naturel et détendu, ce qui était relativement difficile.

- J'ai beaucoup de travail avec Hiroshi, il me cause quelques soucis, j'ai peur qu'il ne soit pas aussi fort que je l'espérais. L'examen chuunin a bouleversé un certain nombre de principes, d'autant plus que mon frère était en danger de mort. Je n'aurais pas dû l'y envoyer, c'était un gros risque pour le clan, mais... Enfin, ils me l'ont fait remarqu...

La jeune femme s'interrompit, réalisant que, comme par magie, la main de Ryuhei était posé sur la sienne. Elle se tut instantanément, et amorça un mouvement pour la retirer, mais ce mouvement ne passa jamais dans la réalité. Pourtant, une petite voix hurlait "ne te laisse pas faire, ma pauvre vieille". Sans succès. Les souvenirs d'un certain incident dans la forêt, incident qui n'en était pas un, remontèrent à la source, et la Hyûga sentait qu'elle était peut-être sur le point de faire le même genre de bêtise. D'ailleurs, son visage n'était pas aussi proche de celui de son élève, quelques secondes auparavant. La jeune femme rétablit la distance de sécurité, et reprit son verre, de sa main libre, usant de toute sa maîtrise d'elle même pour rallentir un peu son rythme cardiaque.

- Et toi... tout va bien ?

Leurs mains l'une dans l'autre avait redonné confiance au genin, tout devenait...naturel. Leurs battements de coeurs se calmaient, l'air devenait moins électrique, laissant place à une atmosphère plus douce. Portés et enveloppés par la nuit calme, les expressions sur leurs visages devenaient plus tranquilles, les mots plus assurés. Et la main de Setsuko ne quittait pas la sienne.

- Et toi... tout va bien ?

Il se laissa tomber lourdement sur le dos, sa chute amortie par la nappe. Allongé de cette manière, il était bien.

"ça peut aller...mais j'ai encore beaucoup de travail à fournir pour te rattraper...et ton allumette de frère est déja sur mes talons. Y'a Aya aussi, je la voie souvent trainer avec un Nara....ça me fait bizarre."

Il se redressa sur un coude, se rapprochant du visage de Setsuko par une habile impulsion.

"Je pense que les dignitaires de ton clan ne t'en voudront pas."

La phrase qui suivie détonna...la voix de Ryuhei monta subitement d'un ton.

"Et Hiroshi DEVAIT faire cet examen, il est fort, notre village a besoin d'être représenté par les meilleurs...et il en fait partit !"

Conviction sans faille pour chaque membre qui composait son équipe, tous étaient d'excellents shinobis, et allaient devenir l'élite du village, il en était convaincu.

"Tu as bien fait de nous envoyer là-bas...nous en avons tiré des enseignements...et puis...."

Le genin fit une moue bizarre, comme si ce qu'il allait dire lui arrachait les tripes. Une mine boudeuse de petit garçon apparue sur son visage.

"De toute façon, tu as raison ! C'est comme ça..."

Il utilisait toujours son coude pour faire levier et se rapprochait toujours plus des lèvres de la Sannin.

"En plus."

Il approchait encore. Elle était magnifique, la lune pouvait aller se rhabiller.

"Je te dois quelque chose."

Leurs lèvres se rencontrèrent de nouveau, mais cette fois, c'est lui qui avait prit l'initiative. Il avait vaincu cette peur d'être inférieur. Ils étaient simplement deux être humains, les grades n'avaient plus aucune espèce d'importance. Leurs mains se tenaient toujours, les tremblements avaient cessés. Il regoutait avec plaisir à cette sensation de plenitude, se laissant complètement allé. C'était plus doux, plus calme que la première fois, plus assuré. Il sentait son parfum, l'odeur de ses cheveux...c'était délicieux. Cette fois, il laissa leurs lèvres se séparer sans aucune peur, ils avaient toute la nuit devant eux. Ryuhei déposa un baiser sur le front de sa dulcinée, et retomba de nouveau sur le dos, un air de félicité illuminait son sourire. Leurs mains étaient toujours l'une dans l'autre.

"J'arrive pas à m'en passer...chaque seconde sans t'embrasser...c'est une torture."

Avant que l'esprit de Setsuko ait totalement retrouvé la terre ferme, Ryuhei enchaîna une série de répliques réconfortantes, encourageantes, et même une petite blague sur le physique peu impressionnant du petit frère de la Hyûga. Cette dernière décida de reposer son verre de jus d'orange - grenadine sur le sol, c'était le moins risqué, puisqu'au fil de ses répliques, le jeune homme réduisait la distance qui les séparait de manière pas vraiment discrète. Et la suite le confirma : les lèvres de Ryuhei étaient à quelques millimètres seulement de celles de la jeune femme.

"En plus... Je te dois quelque chose."

Et l'incident de la forêt se répétait. Mais le terme d'"incident" était-il le plus adapté pour décrire ce qui venait d'arriver ? Non, à priori, puisque c'était la deuxième fois. La douceur du moment n'était plus gâchée par une quelconque appréhension, tous deux savaient que ce qui se passait entre eux n'était pas qu'une pure folie, même si ça en avait l'apparence. Les yeux de Setsuko se fermèrent, fait marquant pour une utilisatrice de dôjutsu, mais toutes les sentations s'en trouvaient amplifiées : le doux contact de ses lèvres, la chaleur de sa main qui réchauffait les doigts glacés de la jeune femme, et les conversations joyeuses de ceux qui se promenaient encore dans la rue, tout était plus intense. La Hyûga ne rouvrit les paupières que lorsque les lèvres de Ryuhei se posaient sur son front, sa main toujours dans la sienne.

"J'arrive pas à m'en passer...chaque seconde sans t'embrasser...c'est une torture."

Sentant qu'elle n'était pas très loin de virer au rouge brique, Setsuko détourna un petit instant la tête, faussement préoccupée par son verre de jus d'orange, lâchant par la même occasion la main du genin. Elle abandonna vite cette tentative de distraction, cependant, et s'alongea sur le côté, tournée vers le jeune homme, la tête en appui sur sa paume droite. Et elle le regardait, et elle ne bougeait pas. Sa main gauche se posa sur celle de son Ryu, qui avait l'air d'être une sorte de radiateur humain. Mais le rouge de ses joues ne semblait pas décidé à disparaître, malheureusement pour elle.

* Dit quelque chose, trouve quelque chose à dire... Ne reste pas comme ça... *

- Excuse moi...

L'excuser de quoi ? Elle disait n'importe quoi, c'était catastrophique, elle ferait mieux de... de se taire, oui, d'accord, mais aussi... Ses pensées s'embrouillaient. Renonçant à y mettre de l'ordre, la jeune femme posa sa tête sur le torse de Ryu, écoutant les battements de son coeur. Au moins comme ça il ne verrait pas son henge spécial-tomates.

Il semblait que rien n'allait pouvoir gâcher ce moment. Même la pensée de la tête d'un des gardiens des traditions ne parvenait pas à faire rebasculer Setsuko du côté raisonnable de la Force. Elle n'avait plus grand chose à voir avec l'image qu'elle cherchait habituellement à montrer aux autres, c'était complètement différent. Certes, cela faisait un petit moment déjà qu'elle savait au fond d'elle que Ryuhei représentait légèrement plus qu'un simple élève, et que leurs relations à tous les deux n'étaient pas non plus celles qu'on trouvait habituellement entre un sensei et son élève, mais jamais, au grand jamais, Setsuko ne se serait laissée aller à ce point en temps normal.

Qu'est-ce qui pouvait être aussi anormal, alors ? Pourquoi Ryuhei et pas un autre ? Pourquoi pas un de ces jeunes hommes bien sous tout rapport avec lesquels on avait déjà essayé -avec plus ou moins de discrétion-, de la caser ? Elle avait quelques difficultés à répondre à cette question. Le Madarame était sans doute plus... proche de ce qu'elle attendait, même s'il n'était pas capable de mettre à terre douze jounins en cinq secondes et demie, ou même si ses parents n'étaient pas d'émintents membres d'un éminent clan, ou même s'il ne se pavanait pas comme un propriétaire dans tout Konoha, ou même si son père n'était pas le meilleur ami de l'Hokage... Il fallait croire que ce n'était pas ce qui lui importait, finalement. Pas si arriviste que ça, la petite Hyûga...

Les pensées de Setsuko filaient, alors qu'elle écoutait les battements du coeur de celui qui la tenait dans ses bras. Un frisson parcourut son dos, le long de sa colonne vertébrale, lorsqu'elle sentit la respiration de Ryu dans son cou, alors que sa main bouillante caressait ses cheveux, cheveux qui furent d'ailleurs écartés, libérant la nuque de la jeune femme pour un baiser tendre : le terrible bisou dans le cou... Instinctivement, Setsuko se recroquevilla un peu plus contre l'auteur de ce bisou, mais un deuxième arriva, sur la joue, cette fois. Elle tourna la tête, un sourire dessiné sur ses lèvres, qui s'approchèrent de celles de Ryuhei. Elle passa une main derrière sa nuque, pour lui faire approcher la tête. Le contact des lèvres du genin était aussi doux que les fois précédentes, peut-être même plus, car l'état d'esprit de la jeune femme changeait. Elle se fichait à peu près complètement de la clandestinité de la chose, tout ce qui importait était le moment présent. Une philosophie qu'elle n'avait encore jamais mise en pratique. Elle perdait la tête.

- Tu vas finir par me rendre folle...

Mais quelle importance ? La main de la jeune femme caressait toujours la nuque et le crâne de Ryu, alors que ses lèvres ne semblaient pas décidées à quitter celles du jeune homme plus de quelques secondes. Et elle souriait, cette andouille, comme une gamine. Elle était bien, se sentait bien, sa raison devait probablement être partie pour de longues vacances sans laisser de remplaçant. Le verre à moitié plein de jus d'orange traînait tout seul, par terre. Le pauvre.

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Le jeune homme s'étire longuement, faisant dépasser ses bras du lit improvisé.

"Pfaaaaaaaaaaaaaaaa...........quelle heure il est ?"

La nuit était passée si vite, il n'avait plus aucune notion du temps lorsqu'il fut tiré du beau monde des rêves...mais...y'avait un truc bizarre. Ryuhei était face à...un dos. Fort jolie d'ailleurs, mais il faut dire que ce n'était pas habituel. Il regardait attentivement les épaules qui se trouvaient devant lui et sur lesquelles étaient posées sa main droite pour en déduire après une réflexion surhumaine qu'elles appartenaient à Setsuko. Les souvenirs revenaient, souvenirs d'une nuit magique passée en la plus douce des compagnie. Il déposa un baiser sur les épaules de la Hyûga qui se réveillait à son tour et sortit un bras du duvet dans lequel ils étaient emmitouflés pour attraper sa montre. Mais il ne la regardait pas tout de suite, trop occupé a embrasser sa belle qui lui faisait a présent face. Il déposa la montre sur la couette, et ne s'en occupa pas pour l'instant. Ses yeux se plissèrent alors qu'il la regardait, et il adressa un sourire radieux à la jeune femme.

"Bonjour...bien dormis ?"

Il tenait la tête de Setsuko entre ses mains, et l'embrassait sur le front. Il repoussa les draps de fortune, et parvint à attraper quelques fruits à grignoter qu'il déposa entre eux. Il s'acharnait sur une grappe de raisins qu'il dévorait a toute vitesse. Le temps était doux et malgrès l'heure matinale les rayons du soleil réchauffaient déja l'atmosphère. Le Madarame bailla.

"Mouaaaaahhhh. J'avais vraiment faim."

"Pfaaaaaaaaaaaaaaaa...........quelle heure il est ?"

*...*

Il y a des gens qui sont du matin, d'autres du soir, et Setsuko appartenait à la deuxième catégorie. Le réveil était toujours un moment difficile, et pour se sentir en forme la jeune femme avait besoin d'une chose : l'entraînement. C'était tout ce qui pouvait la sortir complètement du demi-sommeil dans lequel elle était plongée depuis qu'elle avait ouvert les yeux. Certes, un réveil violent comme on lui en avait déjà fait subir quand elle était plus petite, et que les journées d'entraînement débutaient parfois à 4 heures du matin, après un réveil-eau-glacée (c'est mon pour ta circulation, haha). Setsuko eut donc quelques difficultés à saisir ce qu'elle fabriquait ici, mais lorsqu'elle sentit une main posée sur son épaule, elle manqua de peu une réaction violente, très violente. Les souvenirs revinrent, peu à peu, et la sannin reprit contact avec la réalité.

Ah oui, elle était sur un toit, ah oui, elle avait dormi à la belle étoile en sympathique compagnie, ah oui elle avait un rendez-vous avec Ryu, c'était pour ça qu'il était là. Tout s'expliquait, finalement. La jeune femme se tourna vers celui qui venait de déposer un bisou sur son dos, et lui sourit, doucement.

"Bonjour...bien dormis ?"

- J'ai connu des nuits moins douces. Et toi ? Au fait, tu pourrais me dire quelle heure il est ?

Setsuko avait le sourire aux lèvres. Mais déjà le petit déjeuner arrivait. Des fruits, sympa. Il y avait des clémentines, mais le problème avec les clémentines c'est qu'on passe des heures à enlever tous les fils, et que si Setsuko ne rentrait pas chez elle avant que tout le clan parte à sa recherche, elle risquait d'avoir quelques ennuis. Remarque, elle n'avait de compte à rendre à personne, en théorie. En théorie seulement, car être chef de clan ne signifie pas détenir le pouvoir absolu : on reste toujours "conseillé" par les anciens de la Sôke. L'ennui, justement, était que les anciens avaient un peu trop tendance à douter des compétences de la jeune femme. Ben oui, forcément, à 17 ans on a moins d'expérience qu'à 75...

Bref, Setsuko choisit quelques lichis, ça suffirait jusqu'au repas, elle n'avait pas grand chose à faire de sa matinée. Ah mais... mais si...

- Je vais devoir filer bientôt, j'ai entraînement ce matin, avec un ancien. J'avais oublié... Mais on pourra en refaire, des soirées comme ça ?

La présence de Ryu empêchait une vague de panique de submerger Setsuko : ennuis, ennuis à l'horizon. D'un autre côté, elle faisait ce qu'elle voulait et ce n'était pas une bande de vieux rabougris qui allaient l'empêcher de vivre sa vie privée comme elle l'entendait, celle ci était déjà suffisament limitée. Ryu était la seule liberté qu'elle prenait par rapport au clan, ils allaient l'accepter et faire comme s'ils ne savaient rien. Ainsi tout irait bien.