Ballade au clair de lune

Kain avait posé sa tête contre celle de Kimiko et ferma ses yeux à son tour, il était tout simplement bien comme ça. Et il répondit pour rassurer la jeune fille :

"Tu n'as pas à t'excuser sans arrêt, et je suis ravi de t'avoir fait passé une bonne soirée, pour moi aussi ça a été le cas."

Il parlait avec une voix faible presque comme s'il chuchotait, puis se tut et resta comme ça, calme et serein aux côtés de Kimiko.

Il n’était pas très bavard, mais elle s’en doutait un peu. Puis de toute façon, elle ne l’était pas réellement elle-même. Elle pourrait rester la comme ça pendant des heures, même jusqu’au petit matin, mais elle se sentait obligée de faire la conversation, pour briser le manque de naturel de la situation.

« J’ai hâte de faire une mission. Mais faut passer Genin avant… Je ne sais pas ce que je vais faire du bandeau encore. »

Elle chuchotait également. Elle aimait bien entendre les chuchotements, cela la faisait frissonner au bout d’un moment. Elle ne savait pas trop pourquoi, mais elle trouvait ça agréable.

Kain répondit à sa camarade, toujours sans élever la voix :

"Je pense pas qu'on ai beaucoup de mal à passer Genin, mais je crains surtout que nos missions en tant que Genin soient un peu nulles. Et quant à mon bandeau, je le porterai autour de mon bras gauche. Et dis moi, c'est agréable de te voir délier ta langue comme ça, oh, mais t'as la chair de poule, t'as froid?"

Voilà qu'il s'inquiétait pour elle, décidément, cette soirée aura été étonnante jusqu'au bout. Il avait du mal avec la galanterie, étant donné qu'il n'y était pas habitué avec la vie qu'il a eu.

Elle ne put s’empêcher de rigoler un petit peu à la remarque sur la chair de poule du jeune garçon. Elle reprit vite son sérieux, bougeant sa tête pour pouvoir le regarder en coin. Puis elle ajouta à voix basse :

« Non je n’ai pas froid, c’est quand tu chuchotes, j’aime bien… pour ça que je te fais parler depuis tout à l’heure. »

Elle fut une courte pause, avant d’ajouter :

« Je ne risque pas d’avoir froid tout collé contre toi. »

Elle bougea un peu pour être un peu plus confortablement assise. Elle réfléchit deux minutes sur les missions qu’ils auraient à faire lorsqu’ils seront Genin. En effet, elles risquaient fortes d’être nulles. Mais du moment que ça changeait de d’habitude, cela lui convenait parfaitement pour le moment.

Kain mit alors une main dans sa poche, en sortit un paquet de cigarette, il en prit une, la porta à sa bouche mais au moment de l'allumer, il fixa Kimiko un instant puis finit par ranger sa clope. Il continuait de regarder le visage de Kimiko, qui le regardait aussi, puis il ajouta :

"C'est vraiment agréable de passer du temps avec toi."

Il dit cela d'une voix timide, ien continuant de chuchoter, il paraissait bien moins sûr de lui que d'habitude.

Kimiko avait le sourire aux lèvres. Elle tiqua un peu quand il sortit une cigarette, qu’il s’empressa de ranger dans les secondes qui suivirent. Il avait peut être saisit qu’elle n’aimait pas tellement l’odeur de la fumée. Elle baissa les yeux, pour regarder la branche. Voilà qu’elle était une contrainte maintenant, l’empêchant de se détendre à sa manière.

« Merci. Mais tu peux fumer si tu veux, te gêne pas. »

Elle nota le trouble qui semblait naître en lui. D’habitude, il s’exprimait avec un peu plus de sûreté, de contrôle de soit. Là, il ne semblait pas ou plus à l’aise.

Il attrapa le menton de Kimiko pour qu'elle arrête de regarder vers le bas, puis il s'adressa à elle, de nouveau avec sa décontraction habituelle.

"Idiote, tu me gênes pas, ne dis pas n'importe quoi."

Il poussait légèrement la tête de Kimiko avec son front en signe d'affection, son assurance n'était pas la seul à être revenue, un sourire se dessinait encore sur son visage.

La jeune fille se laissa remontait la tête pour fixer les yeux du jeune homme. Elle ne pu s’empêcher de sourire un moment. Elle n’eut rien le temps de répondre qu’il la poussa légèrement du front. Il semblait avoir repris son aisance de posture et d’élocution.

Cela la fit rire un peu, et comme pour conte attaquer à ce qui n’était pas vraiment une agression, elle lui pinça les côtes sous le manteau, sans le quitter du regard et sans rien dire. Le tout était de ne pas tomber de la branche. Une seule fois suffit dans une vie, alors dans une journée…

Enfin, voilà qu’elle se décontractait un peu également.

Il se mit également à sourire, jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'il était réellement près du visage de Kimiko, ils étaient sur cette branche, les yeux dans les yeux, il se mit alors à rougir. Mais il était tout à fait satisfait en voyant que Kimiko se décontractait aussi. Il n'arrivait plus à ouvrir la bouche sans penser qu'il allait dire une imbécilité. Il ne pouvait cependant pas détacher son regard de celui de la jeune femme qui avait quelque chose de vraiment attirant dans les yeux.

*Alors là, c'est louche...*

La jeune femme ne bougea pas d’un centimètre. Elle se demandait s’il allait oser ou pas. En faite, elle ne se demandait pas grand-chose, elle devait reconnaître que la situation n’était pas banale. Elle afficha un sourire timide sur son faciès, remuant un peu sous la veste, pour joindre ses mains, signe qu’elle n’était pas très à l’aise non plus.

Elle ne remarqua pas qu’il rougissait, à cause de la clarté de la nuit, qui rendait tout un peu plus blanc, surtout la peau. Elle n’osait rien dire également. Enfin, elle détourna un peu les yeux, par peur ou autre. Elle ne dit rien, et il ne lui fallait pas grand-chose pour qu’elle le regarde de nouveau.

Kain se rapprocha alors de Kimiko, la serra dans ses bras, avant de déposer un léger baiser sur sa joue, puis deux, puis trois, avant de la regarder de nouveau dans les yeux, d'un regard profond et insistant. Il réalisa alors vraiment ce qu'il venait de faire, et craignait à la fois la réaction de la jeune fille, mais aussi pour l'avenir de leur équipe. Mais étrangement il s'était rapidement attaché à cette fille pour le moins hors du commun.

Ce fut à son tour de rougir un peu mais elle ne s’enfuit pas. Elle n’avait certes pas l’habitude, et elle devait se reconnaître un petit penchant pour la gente féminine, plutôt que masculine. Mais elle ne reniait pas pour autant les hommes. Elle tourna même les yeux vers lui, et sans vraiment savoir ce qui lui passait par la tête, elle approcha ses lèvres des siennes.

Elle ne l’embrassa pas, s’arrêtant à quelques millimètres. Elle ne savait pas si s’était raisonnable ou non. Ils étaient certes dans la même équipe, mais elle devait avouer qu’elle n’était pas, ou du moins, elle n’était plus indifférente maintenant vis-à-vis de lui.

Kimiko attendit donc qu’il fasse la suite du chemin, confortablement lové dans ses bras.

Kimiko avait bien approché ses lèvres de celles de Kain, ce dernier ne réfléchissait plus à ce stade ; mais il lui revint tout un tas de souvenirs en mémoire, leur rencontre à l'entraînement devant le village, le cours de Sitael-sensei, la rencontre dans la rue, la soirée au restaurant... Kain sentit alors une étrange sensation émanant de son ventre, et une envie, non plus qu'une envie, un besoin de poser ses lèvres sur celles de Kimiko. Il embrassa alors la jeune fille tendrement, tout en lui caressant les cheveux et la nuque.

Kimiko se laissa aller, elle passa ses bras autour de la nuque du jeune homme, délaissant le maintien du manteau, qui pouvait aller où bon lui semble, ce n'était guère important pour le moment, et elle prolongea tendrement le baiser, en fermant les yeux. Elle appréciât le contact de ses lèvres sur les siennes, les caresses dans les cheveux, qu'elle en frémit un peu plus.

Elle se serra fort contre lui, histoire de lui faire sentir qu'elle était bel et bien là, que ce n'était un rêve. Elle n'était pas sur, comme c'est souvent le cas, du bien fondé morale de ce qu'ils étaient en train de faire. Du moment que ça resté de l'ordre du bisou d'adolescent dans un arbre, il n'y avait pas tellement de conséquences. Enfin pour le moment, elle ne pensait pas tellement à ça, mais plutôt à ce qu'elle était en train de faire, et le reste du monde pouvait bien s'écrouler.

Kain profita longuement de leur baiser, puis s'éloigna légèrement des lèvres de Kimiko, il commença à sourire mais perdit son équilibre destabilisé certainement par ce qui venait de lui arriver. Il tomba donc de la branche sur laquelle ils se trouvaient pour s'écraser bêtement quelques mètres plus bas sur une autre branche, mais toujours en gardant ce sourire niais sur ses lèvres.

Kimiko était heureuse. S’était la première fois qu’on s’occupe comme ça d’elle. Elle n’arriva pas à retenir son compagnon de la branche qui était apparemment dans un autre monde, plongé dans une béatitude un peu niaise. Il s’écrasa un peu plus bas. Portant sa main à la bouche de stupeur, elle ne put s’empêcher d’éclater de rire en voyant sa tête, le sourire toujours affiché.

« Kain ?! Ca va ? »

Elle riait à moitié en l’appelant, et lestement, elle sauta de sa branche pour atterrir à ses côtés sur l’autre branche, la faisant à peine bouger. Elle le secoua un peu, tenant le manteau en cuir de son autre main.

« Tu m’entends au moins… »

Kain éclata de rire à son tour, puis regarda un instant Kimiko dans les yeux, avant de déposer un léger baiser sur ses lèvres, la nuit était vraiment avancée à présent et il s'inquiétait du sort de la jeune fille.

"Mais oui je t'entends, t'as l'air sacrément contente dis-moi, j'espère que ça ira chez toi, hihi."

Puis il s'assit en tailleur sur la branche en attendant une quelconque réaction de la part de Kimiko.

Elle resta accroupie sur la branche, tout en l’observant. Il commençait en effet à se faire tard. Elle allait devoir rentrer, sinon, elle était sur de se faire étriper par l’autorité parentale. Pour sur, elle s’en sortirait sans même se faire toucher, mais respect oblige, elle ne pouvait pas ne pas se laisser faire.

« Et bien, je crois que je vais devoir y aller… Ca m’embête quand même. »

Elle haussa des épaules en faisant une moue assez convaincante. Elle n’avait pas envie de partir. Elle serait certes un peu fatiguée le lendemain matin, mais qu’importe.

Visiblement elle ne voulait pas rentrer mais il le valait mieux pour eux deux de toute manière.

"Ne t'en fais pas, on se verra demain à l'académie, et puis de toute façon, j'habite dans cet appartement, juste derrière, tu peux venir me voir quand tu veux. Alors, fais pas cette tête."

Même si lui non plus, ne voulait pas rentrer, il affichait un sourire radieux afin de remonter le moral de Kimiko.

Kimiko devait reconnaître qu’il avait raison. Il fallait être raisonnable. Elle avait lu quelque part que la passion domine souvent la raison, et que cela était source de nombreux maux dans la société. Autant être sage pour une fois, encore une fois. Elle regarda l’appartement, et enfin le jeune homme, avant de répondre :

« C’est vrai. Bon, ben à demain alors ! »

Elle se pencha et l’embrassa rapidement, avant de sauter au bas de l’arbre et de s’enfuir dans la nuit en courant. Elle lui avait fourré son blouson dans les mains avant de partir, le remerciant d’un sourire.

Il la regarda courir au loin puis s'allongea un moment sur cette branche avec ce même sourire toujours greffé sur ses lèvres. Après un moment de rêverie, il retourna à son appartement pur se reposer : la journée serai longue demain.

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